Il était tout juste six heure trente lorsque je me garai devant la maison de Skylar. On avait convenu d'un entraînement matinal afin que Diane me donne un aperçu de ses capacités. Si je voulais affronter les sbires que son maître nous enverrait, savoir à quel genre de technique j'aurais à faire serait un atout précieux. Une fois le moteur éteins, je sautai en bas de la jeep et marchai rapidement pour atteindre la porte.

Je soufflais dans mes mains lorsque Diane m'ouvrit la porte, m'assurant que Skylar dormait toujours. Je souris, sachant à quel point il aimait dormir le matin. Le garage était prêt et la jeune femme n'attendais plus que moi.

"Bien dormi ? Allons-y !"

Nous gagnâmes le garage en silence et je fis quelques étirements rapide pour ne pas me blesser.

"Quel genre de combat pratiques-tu ?"

Je n'avais pas la naïveté de croire qu'elle était une faible femme sans défense. Il était vrai que son physique ne payait pas de mine. Tout comme le mien. Et pourtant, j'étais redoutable. Cependant, je devrais faire attention. En règle générale, ma rapidité accrue m'assure un avantage significatif. Ici, je ne devrais pas en faire usage. le risque que Diane me découvre était trop grand.

J'étais vêtue d'un short moulant ainsi que d'un débardeur de la même matière. Mes cheveux étaient attachés en queue de cheval afin de ne pas gêner mes mouvements. Enfin, une paire de basket complétaient ma tenue. J'avais dans la voiture des vêtements de rechange. Je prendrais une douche rapide ici avant d'aller bosser. Ou alors, je la prendrais au poste si Skylar n'était pas d'accord.

"Je suis prête."

J'attendais le signal de mon adversaire. Je ne savais pas à quoi m'attendre, je préférai donc la laisser commencer. J'espérai qu'elle le ferait en douceur.  

Diane avait dormi d’un sommeil sans rêve. Si le Maître avait tenté de la retrouver, il n’avait pas été capable de percer ses défenses cette nuit. Levée à six heures, Diane prépara un thermos de thé vert ainsi que deux verres qu’elle disposa sur une étagère du garage. Elle avait remis le jogging trop grand prêté par Skylar et se sentait un tantinet ridicule là-dedans. Mais elle avait surtout froid. Il avait dû geler à pierre fendre cette nuit  et le mercure n’était pas encore remonté. En attendant l’inspectrice, elle se positionna au centre du garage et commença une série d’exercices destinés à faire circuler le chi dans son corps. Au bout de quelques minutes, elle se sentait délassée, souple et surtout au chaud.
Un bruit de moteur attira son attention et elle reconnut la voiture de Riley qui se garait devant la porte. Elle l’accueillit en souriant et lui proposa une tasse de thé. Elle non plus n’avait pas l’air réchauffée.

— J’ai un bon entrainement aux armes blanches et à feu. Mais l’essentiel de mon entrainement va au combat à mains nues. Je pratique le taïchi qui me permet de véhiculer le chi dans mes postures et mes coups.

Elle se positionna en face de la jeune femme, salua, et opta pour une garde aérienne, souple et en mouvement. Voyant que son adversaire était prête, elle se rapprocha et attaqua avec des mouvements spiralé, facilement contrable. Constatant que Riley semblait elle aussi bien entrainée et n’avait aucun mal à éviter ses coups elle accéléra soudain le mouvement et plaça un coup de coude dans le plexus de l’inspectrice, avant de se reculer pour mettre fin à ce premier échange.

— Avec ce genre de frappe, je peux briser les cotes de mon adversaire.  Attaque-moi à présent.

Pendant un long moment, elles alternèrent attaques et ripostes dans ce qui ressemblait de plus en plus à une leçon sur les mille et une façons de tuer son adversaire. Pourtant au fur et à mesure, Diane développait l’impression que, comme elle, sa partenaire ne donnait pas tout. Elle finit par faire signe d’arrêter et se recula en souriant.

— Tu te débrouille plutôt bien. Tous les policiers américains ont le même entrainement ?

Diane me proposa une tasse de thé que j'acceptai avec plaisir. Le breuvage me réchauffa quelque peu avant que l'on ne passe au vif du sujet. La jeune femme avait l'air à l'aise dans cet exercice et commença par quelques coups simples que je parais sans difficulté, puis elle accéléra un peu le rythme et complexifia ses attaques. Finalement, elle parvint à m'atteindre à la poitrine et je reculai sous le choc. Elle fit de même pour me laisser le temps de récupérer.

"Ravie que tu n'aies pas brisé les miennes !"

Je n'avais aucun mal à croire à son affirmation. Le coup était des plus violent et particulièrement bien placé. Ce fut bientôt mon tour de prendre l'initiative de l'attaque et je lui montrai les mouvements que j'avais appris au cours des dernières années. L'échange fut éprouvant mais incroyablement enrichissant. Je n'avais pas l'habitude de ses techniques mais je comptais bien palier à ce manque.

"La base oui. Mais je prends des cours en plus pour me tenir en forme et développer mes capacités. Je préfère être prête en cas de problème. Et, dans mon métier, des problèmes de ce genre, j'en ai souvent, …"

Je connaissais un certains nombre de collègues qui n'avaient plus remis les pieds dans un dojo depuis l'Académie. Un vrai gâchis. Et un danger.

"Mais je ne suis pas habitué à ton style. Si tu le veux bien, on pourrait s'entraîner ensemble de temps en temps."

Mais j'avais la quasi certitude qu'elle ne mettait pas toute son énergie dans ses coups. Dans un vrai combat, elle devait être réellement redoutable. Cependant, je ne pouvais pas la blâmer. Elle me pensait simple humaine et ne souhaitait pas me blesser. J'effectuai une série de mouvements sensés me détendre les muscles et m'éviter les courbatures tout en continuant de discuter avec la chinoise.

"Merci de m'avoir montrer tout ça. Je sais maintenant un peu mieux ce qui nous attends. Dis, tu crois que Sky m'en voudrait si je prenais une douche ici avant de partir ? Je dois être au poste dans moins d'une heure."

Je savais bien que non mais je ne voulais pas non plus la reléguer au rang de vieille chaussette en l'abandonnant sur place maintenant qu'elle avait accédé à ma requête. L'intégrer un peu à la vie de cette maison ne pouvait pas être un mal. Et puis, je devais avouer qu'un petit déjeuner ne serait pas non plus de refus.    

Les joues rougies et légèrement essoufflée, Riley était visiblement surprise, bien que ravie, par l’intensité de l’exercice. Pour sa part Diane souriait, ravie d’avoir trouvé une partenaire.

— Je m’entraine au moins deux heures tous les matins. Si tu souhaites, venir, tu es la bienvenue. Je serai ravie de t’enseigner quelques mouvements.

Si l’absence d’utilisation de chi manquerait à l’inspectrice, les enchainements restaient valables et efficaces pour tout le monde, mage ou pas. C’est alors que Riley se mit à faire quelques étirements ce qui fit lever un sourcil à l’asiatique. Evidemment, l’américaine n’avait pas la même approche du corps qu’elle. Elle devait raisonner en termes médicaux là ou Diane pensait circulation énergétique.  

— Attend, je vais te montrer quelque chose. Pose tes mains sur les miennes et essaye de calquer ta respiration sur la mienne. Bien, maintenant fermes tes yeux et laisse toi aller.

Une fois le contact établi, la chinoise fit lentement décrire a ses mains de petits cercles qui allaient en s’élargissant.  Lentement, elle laissa son chi circuler entre elles. Riley n’avait pas l’habitude et résistait, plus ou moins consciemment. L’exercice resta cependant efficace et chassa rapidement les tensions accumulées dans les minutes précédentes.

— Respire profondément et ouvre les yeux lentement, murmura Diane une minute plus tard après avoir rompu le contact.

D’expérience, elle savait que ce genre d’échange pouvait être déstabilisant les premières fois, par l’intimité qu’il pouvait générer.

— Je doute que cela pose un problème, répondit Diane à la suggestion de la douche. Je nous prépare un petit déjeuner pendant ce temps.

Quelques minutes plus tard, Diane s’affairait dans la cuisine à préparer café, thé, jus de fruit et toast. Sur une impulsion, elle se lança également dans la préparation de pains perdus. Elle finissait de les disposer sur une assiette lorsque l’inspectrice sortit de la salle de bain.

— Je crois que je me suis encore un peu laissée aller, niveau quantité, constata la jeune femme, mis gêné, mis amusée.

Diane avait l'air contente de ma proposition, m'invitant même à ses séances quotidiennes. Ce n'était pas une si mauvaise idée mais un léger détail clochait.

"Tous les matins, je ne pourrai pas. Mais on peut se fixer trois ou quatre séances par semaine."

Je commençai alors à m'étirer mais fut coupé par un regard étrange de ma partenaire d'entraînement. Surprise par l'initiative de la chinoise, je fis cependant ce qu'elle me demandais. Me plaçant face à elle, je posai mes mains sur les siennes et la laissai me guider. Il me fallut quelques secondes pour calquer ma respiration sur la sienne et, lorsque je fermai les yeux, je me concentrai sur mes autres sens afin de palier le manque visuel. Je n'étais tout de même pas très rassurer de me laisser faire ainsi. Après tout, je ne connaissais Diane que depuis la veille mais je repérai aucune trace de malveillance dans sa voix.

Je la laissai guider mes mains mais, lorsque je sentis une vague de magie déferler sur moi, je ne pu retenir un sursaut de recul. Mais je pris sur moi en constatant que ce n'était pas négatif et petit à petit, je parvins à me détendre suffisamment pour profiter de la séance.

Lorsqu'elle m'autorisa à ouvrir les yeux, j'étais légèrement mal à l'aise. Mais je devais avouer me sentir très bien.

"C'était quoi ça ?"

Il ne me manquait plus que la douche pour commencer une bonne journée. Diane proposa de faire le petit dej' en attendant et je ne put retenir un sourire de connivence.

"Exactement ce qu'il ma faut. Mais ne te sens pas obligé de jouer les maîtresse de maison. La prochaine fois, j'apporterai le petit dej' !"

Sur ce, je filai à l'extérieur récupérer mon sac et disparut dans la salle de bain. Un quart d'heure plus tard, j'étais habillée et prête pour aller travailler. Seul mon estomac réclamait son dû. Une délicieuse odeur avait empli la cuisine lorsque j'y pénétrais en souriant.

"Hum ! Ca sent divinement bon. Ce sont des pains perdus ?!"

Je me servis une tasse de café et un verre de jus d'orange avant de mordre dans une pâtisserie.

"En fait, je vais peut-être venir m'entraîner ici tous les jours en fin de compte !"

J'avais vingt minutes devant moi avant de devoir partir, je profitai donc calmement de ce petit déjeuner gastronomique.

"Au fait, je peux venir te chercher ce soir pour te présenter à un potentiel employeur si tu le souhaites."    

Une fois installée pour le petit déjeuner, Diane se rendit compte d’à quel point elle était affamée elle aussi. Son périple pour arriver en ville n’était pas encore bien loin et ses réserves énergétiques étaient loin d’être pleinement reconstituées.

— Ca me fait plaisir, tu sais. Ça me donne l’impression d’être utile répondit-elle à la proposition de Riley de ramener un petit déjeuner.

Apres avoir engloutie une première tartine, elle répondit aux questions qu’elle avait éludée précédemment.

— L’échange d’énergie que je t’ai fait essayer est une technique pour faciliter le flot de chi dans ton corps. Ca chasse la fatigue et tes muscles gardent leur souplesse naturelle. Avec un peu de pratique, tu apprendras à te laisser aller et ça deviendra plus facile et efficace.

Elle évita de mentionner qu’un tel contact régulier pouvait facilement devenir très intime. Il revenait à Diane de ne pas laisser dériver l’exercice. En tout cas, l’inspectrice avait l’air d’apprécier le petit déjeuner et plaisanta, ce qui fit rire la chinoise.

— Ca ne me gêne pas. Comme ça, tu pourras emporter les commandes de tes collègues. Et je te laisse dix pourcents des bénéfices. Deal ?

Elle plaisantait aussi, mais cette idée de restauration rapide lui trottait dans la tête. Un métier normal, des clients normaux… une vie normale. C’était très tentant.
Elle lui apprit ensuite qu’elle souhaitait dans la soirée un employeur potentiel. Elle ne s’était pas attendu à ce que cela aille aussi vite, mais pourquoi pas ?

— C’est quel genre ? Comment est-il ? Mais oui, je veux bien, merci beaucoup.
Qui pouvait bien être intéressé par recueillir une fugitive, immigrée illégale sans la moindre compétence ?

Elle continua son repas, réservant son jus de fruit pour la fin. Elle prit soin également de garder quelques pains perdus pour Skylar. Il serait sans doute content de les trouver au réveil.

La douche me fit un bien fou mais je devais avouer que le truc étrange de Diane n'avait pas été désagréable non plus. Il m'avait détendue et délassée. C'était d'ailleurs très bizarre mais la jeune femme n'avait pas relevé ma question à ce sujet. Haussant les épaules, j'étais partie me doucher en programmant d'en reparler plus tard.

La bonne odeur m'avait assaillie dès la sortie de la salle de bain et je m'étais presque jeté sur les pains perdus. Les entraînements me creusaient toujours l'estomac, surtout que j'avais utilisé une bonne partie de mon énergie à ne pas bouger trop vite afin de ne pas éveiller de soupçons malvenus.

De toute évidence, Diane était contente de faire la cuisine pour moi. Je trouvais ça étrange mais soit. Certaines personnes aiment naturellement prendre soin des autres. Moi-même veillais sur mes frères et soeurs à ma manière. Chacun son truc. Je haussais donc de nouveau les épaules et me concentrai plutôt sur la suite de son discours. La chinoise expliqua le procédé de toute à l'heure.

Echange d'énergie. Flot de chi. Chasser la fatigue et garder les muscles souples. Je n'avais rien contre ça, bien au contraire. Le laisser aller, par contre, … 

"Okay. C'est drôlement relaxant en tout cas."

Je n'étais pas sûre de vouloir me "laisser aller" ainsi mais, cela ne m'avait pas semblé si problématique. Je verrai le moment venu. C'est alors que Diane rigola en proposant un marché. Je devais passer manger tous les matins et prendre des commandes pour mes collègues. Je gagnai dix pour cent des bénéfices. Ce n'était pas un mauvais deal, … mais cela restait une plaisanterie.

"Pour qu'ils m'attendent impatiemment chaque matin ? Je ne tiens pas à être fliquée !"

Ce jeu de mot sur ma profession n'était pas le seul, il m'arrivait souvent de plaisanter sur les stéréotypes, ou même les réalité, de mon métier. Cela avait pour mérite de me détendre un peu.

"Et puis, je n'ai pas la vocation de la livraison, …"

Je lui proposai de l'emmener voir Bobinson à la fin de la journée. Elle semblait inquiète.

"C'est un vieux libraire. Il est assez sympa quand on lui laisse sa chance et il connaît surtout tout un tas de choses sur les créatures surnaturelles. Je me dis qu'il pourra peut-être nous aider avec le Maître, … Enfin, ça, se sera à toi de voir, … Et tu n'es pas obligé d'accepte ce boulot non plus, …"

Je ne voulais pas non plus la forcer à quoi que ce soit. Elle restait maîtresse de son avenir. Je ne mentionnai pas non plus la nature de Stuart. C'était à lui de décider à qui le dire ou non.  

— C'est le but, conclut Diane au sujet du transfert d'énergie. Cette technique permet également d’accélérer la guérison, sans que cela soit miraculeux. Après ma rencontre avec le yāoguǐ  dont je parlais hier soir, j'ai mis seulement une semaine pour réparer mes os cassés.

Comme elle s'y attendait, Riley refusa de devenir livreur. Lme jeu de mot lui passa par contre totalement au dessus de la tête. Si elle maîtrisait l'anglais correctement, elle n'en était pas encore à ce genre de subtilités sémantiques.

Riley lui appris ensuite que son mystérieux futur employeur était libraire, ce qui lui fit lever un sourcil franchement surpris.

— Libraire ? Comme dans les magasin avec des livres ? Heu ok…

Mais comment pourrait-elle bien aider un libraire ? Elle n'avait jamais lu un seul livre de sa vie. Si elle n'était pas illettrée, le Maître aillant pourvu à son éducation, elle se cantonnait à de la lecture pratique la plupart du temps.
Mais Riley continuait ses explications et la chinoise comprit un peu mieux de quoi il retournait.

— Ah d'accord. C'est un mage comme Skylar ? Mais mêler une personne de plus à cette histoire ne te fais pas peur ?

Finalement, le petit déjeuner se termina et le lieutenant de police repartie en promettant de passer prendre Diane dans la soirée. Skylar dormait toujours et elle se retrouva donc seule dans la grande maison vide.

Après avoir nettoyé la cuisine et laisser au propriétaire des lieux de quoi se faire un copieux repas, elle repartie vers le garage qui avait servi à leur entraînement matinal. Elle occupa l'heure suivante et réaliser des katas lents et méditatifs afin de continuer à régénérer son corps et son âme mis à mal lors du voyage.

Lorsque l'énergie coula à flot dans son corps elle sortit et gagna la foret un peu plus loin. Elle se positionna face à un arbre massif et le frappa violemment. Le bois éclata dans un craquement sec, laissant un impact satisfaisant. Elle se recula en souriant puis agrandit les yeux de surprise en constatant que de la pourriture dévorait maintenant le tronc à partir du point d'impact.

Etait-elle à ce point mauvaise ?

Une guérison accélérée ? Alors ça c'était un avantage ! Si seulement je savais faire ça, … 

"Et ça ne marche que sur toi ? Parce que je dois dire que, se remettre d'une fracture en une semaine, ça m'intéresse !"

Quoi que, à bien y réfléchir, j'aurai bien du mal à expliquer ça à mes collègues et à ma hiérarchie. Dommage, c'était plutôt enthousiasmant comme idée. L'idée de la librairie ne semblait pas emballer Diane. Je fronçais les sourcils en avalant un autre pain perdu.

"Oui, avec des livres. Toutes sortes de livres. C'est assez grand comme endroit mais très chaleureux, tu verras. Et, je le répète, si ça ne te convient pas, tu peux dire "non"."

Il était primordial qu'elle comprenne cela.

"Pas vraiment, non. Mais ce n'est pas à moi de te dire ça. Le fait est qu'il connaît beaucoup de choses et qu'il a plus d'un tour dans son sac. Tu n'as pas à t'inquiéter pour lui, je t'assure."

Le temps passai à une allure folle et j'engloutis le reste de mon petit déjeuner en vitesse avant d'assurer à Diane que je passerai la prendre en début de soirée et lui demander de passer le bonjour à Skylar. Mon sac à la main, je quittai la maison et m'engouffrai rapidement dans ma voiture pour ne pas rester au froid. Une longue journée m'attendais. J'avais un jeune bleu à engueuler.






Il n'était pas loin de dix huit heures lorsque je me garai de nouveau devant la maison de Skylar. J'étais plutôt de bonne humeur étant donné que j'avais fini par chopper cette ordure qui m'avait échappé hier. Affaire bouclée, dossier classé. Une bonne journée.

Je quittai le confort de ma jeep pour aller sonner à la porte. Décidément, je passais beaucoup de temps chez Skylar en ce moment. Et j'avais comme l'impression que cela n'allait pas s'arrêter à ce soir.  

Elle avait décidément fait forte impression avec sa méditions. Mais elle n’avait jamais pensé à soigner quelqu’un d’autres ainsi.

— Je… suppose que ça serait possible, hésita-t-elle. Ca demanderait plusieurs séances quotidiennes et sans doute beaucoup d’énergie de la part du soigneur… mais théoriquement ça pourrait fonctionner.

Il y avait décidément bien des applications de ces capacités que le Maître n’avait jamais évoquées. Les plus positives, étonnement.
Riley la rassura au sujet du libraire et elles se mirent d’accord pour qu’elle passe la chercher en début de soirée.


Dire que Diane passa une mauvaise journée serait un euphémisme. La révélation qu’elle avait eue dans la foret au matin la traumatisa. Elle détruisait –littéralement- tout ce qu’elle touchait. Elle fut à deux doigts de repartir, n’ayant aucune envie de causer plus de torts à Skylar et Riley. Mais elle savait parfaitement que son départ ne changerait rien. Pour l’avoir aidé, le Maître se montrerait impitoyable avec eux également.

Peut-être ferait-elle mieux de les tuer rapidement. Au moins ne souffriraient ils pas ? S’ils ne trouvaient pas un moyen de vaincre, il lui faudrait sans doute arriver là, frémit-elle. Restée seule, le jeune homme ayant dû se rendre dans son université pour régler des problèmes administratifs, elle grignota sans réel appétit quelques restes de la veille, pelotonnée dans une couverture et dormit ainsi la majeure partie de l’après-midi. De nouveaux cauchemars l’assaillirent, mais elle fut incapable de s’en souvenir au réveil, ni de dire s’ils étaient dus au Maître ou à sa propre humeur morose.
Riley vint la chercher vers dix-huit heures. Entre temps, Diane s’était douchée et changée. Un jean, un t-shirt, un pull… Elle n’avait pas la moindre idée de comment s’habiller pour un entretient chez un libraire. Elle n’avait aucune idée d’a quoi pouvait bien ressembler une librairie en fait. Tout cela était une bien mauvaise idée.

Mais elle devait à l’inspectrice de faire de son mieux. Celle-ci s’était sans doute engagée pour elle. Elle ne devait pas la mettre dans l’embarras.

— Je suis prête, dit-elle simplement en essayant de faire bonne figure.