Diane est une « solitaire sociale ». Elle n’a jamais connu de réelle socialisation ou d’amitié. Même son amour pour ses parents a été soigneusement détruit pour être substitué à sa dévotion pour le Maître. Elle masque cette inaptitude par des sourires et des manières parfaites qui la rende agréable pour la plupart des gens. Elle sait jouer de son apparence physique pour obtenir ce qu’elle souhaite, et n’en ressent pas le moindre remord. La violence n’est plus pour elle qu’un ultime recours même si elle n’hésitera pas à y recourir pour se défendre.

Elle souhaite s’intégrer dans cette nouvelle société, trouver d’éventuels protecteurs et vivre sa vie en paix. Depuis son départ de Chine, elle est obsédée par son besoin de se cacher et développe une légère paranoïa. Elle sait parfaitement que seule, elle ne pourra échapper longtemps au Maître et a besoin d’alliés. Mais elle a peur de ce qu’on pourra lui demander en échange.

La magie de Diane est essentiellement basée sur du renforcement de ses aptitudes physiques, de la divination et de l'influence passive sur son environnement. Elle est également capable de se soigner seule (pas les autres). Loin d’être une taoïste accomplie, elle possède néanmoins un fort potentiel qu'elle espère cultiver, si elle en a le temps.

Diane est née dans un petit village du nord du Laos. Sixième enfant d’une famille très pauvre, elle n’a plus aucun souvenir de sa vie d’alors. Les visages de ses parents, de ses frères et sœurs ne sont plus qu’un épais brouillard soigneusement effacé.

Elle devait avoir environ neuf an lorsqu’un groupe d’homme débarqua, dans de grosses voitures noires. Ils parlèrent à chaque famille, offrant de fortes sommes d’argent pour acheter des jeunes filles. Assez pour mettre le reste de leur famille à l’abris pendant des années.

Trois familles acceptèrent l’odieux arrangement, dont celle de Diane, qui se retrouva du jour au lendemain emmené par des inconnus.

Le voyage dura de longues heures avant que les fillettes ne soient débarquées devant un établissement sordide devant lequel brillait une lanterne rouge. Diane fut immédiatement séparée des autres et on la fit monter dans un petit dortoir ou trois lits étaient occupés par d’autres enfants tout aussi traumatisés qu’elle. En bas de nombreuses personnes faisaient la fête, chantaient et riaient bruyamment. Des cris, et Diane reconnut les voix de ces deux anciennes voisines, peuplèrent la nuit de cauchemars. Mais personne ne vint déranger le petit groupe. Finalement, au petit matin, on vint les chercher pour un nouveau voyage à l’arrière d’un camion.
Le petit groupe passa de maison en maison et, à la fin de la semaine, elles étaient une dizaine de jolies fille entre huit et onze ans à s’aligner dans la cour d’une belle maison riche de la péninsule de Kowloon. Devants elles, en demi-cercle, un groupe hétéroclite d’homme et de femmes les dévoraient du regard. Une à une, elles durent marcher, se tourner, sourire… avant d’être achetées aux enchères.

Diane fut donc acheté par un trio d’homme inquiétant, en costume noir. A la différence des autres, il ne la regardait pas comme une pièce de viande fraiche. Ils la guidèrent vers une voiture de luxe qui les conduisit un peu à l’extérieur de la ville, dans une demeure chinoise traditionnelle, lourdement gardée. Là, elle fut accueillie par une jeune fille un peu âgée qu’elle qui la baigna et l’habilla d’une robe noire traditionnelle avant de la conduire au Maitre. Dire que la première nuit fut difficile est un euphémisme. Les suivantes le furent tout autant. Pendant la journée elle tentait de se reposer et d’écouter les conseils des autres pensionnaires qui étaient passées elles aussi par là. Elles lui expliquèrent que le Maitre était connu pour posséder les meilleures courtisanes du pays.

Parfaitement entrainée physiquement et socialement, elles étaient capables d’accompagner n’importe quel client, dans n’importe quel environnement. Les plus douée d’entre elles voyageaient dans le monde entier et séjournaient dans des maisons ou des hôtels de luxe en permanence. Elle devait donc s’estimer heureuse de son sort.

Mais ça n’était que de piètre réconfort.

Au bout d’une semaine, le Maitre se lassa de passer ses nuits avec elle et la formation débuta réellement. On lui apprit à parler correctement, à danser, à s’habiller, à marcher même. En quelques mois, la petite fille se transforma en fillette de la haute société et bien peu aurait pu deviner ses origines modestes.
Elle avait environ onze ans lorsque le Maitre décida de l‘amener dans une réception. C’était la première fois qu’elle sortait de la demeure depuis son arrivée. Fière d’être le centre d’intérêt elle souriait en découvrant ce nouvel univers. Evidement son mécène ne l’avait pas emmenée pour rien.  Il expliqua en milieux de soirée à la jeune fille qu’elle devrait repartir avec un homme d’une cinquantaine d’année qui la regardait avec avidité. Une fois ensemble elle devrait verser le contenu d’une fiole dans son verre. Une voiture l’attendrait à l’extérieur.

Elle se retrouva donc en compagnie du gros bonhomme qui la ramena avec lui, tout sourire. Une fois son affaire faite, elle lui versa un verre de vin et revint le lui porter au lit. Quelques minutes plus tard, elle le regardait mourir en se convulsant horriblement. Elle avait l’impression qu’il payait pour tout ce qu’on lui avait fait depuis deux ans et ça lui plaisait.

Elle se rhabilla en silence et sortit, en expliquant aux gardes du corps avec un demi sourire conspirateur que sa victime se reposait. Le temps que l’alerte soit données, elle était dehors et une voiture l’attendait, comme promis.

A son retour, le Maitre la félicita. Il lui expliqua que certaines filles n’étaient pas que des accompagnatrices. Elle pouvait également servir de garde du corps ou d’assassin. C’est à cette occasion qu’il la renomma Diane, la chasseresse. L’enseignement devint alors plus intense. En plus de ces autres cours, on lui enseigna le maniement des armes à feu, ainsi que les arts martiaux. A cause de sa faible force physique, elle fut orientée vers des techniques de fluidité et de frappes précises dans lesquelles elle excella rapidement.

Les années passèrent et sa réputation s’accrue. Elle était devenue l’un des meilleurs élèves du maitre et les clients payaient une fortune simplement pour l’avoir à leur côté. Elle donnait du plaisir ou la mort avec la même insouciance, sans le moindre remords.

Elle avait presque seize ans lorsque plusieurs membre d’une triade la prirent à parti. Quatre hommes dans la force de l’âge et bien entrainés, elle n’avait pas une chance. Elle affronta sa mort avec le même détachement que ce qu’elle avait éprouvé pour celles des autres. Les coups s’enchainèrent, plus fluide qu’à l’accoutumée. Plus rapide, plus précise, elle voyait les mouvements de ces adversaires avant même qu’ils ne les fassent. Elle senti à plusieurs reprise l’énergie de ces coups briser les os, perforer des organes. Après de longues minutes de combat, elle resta seule en vie, bien que blessée.

Le Maitre pansa lui-même ses blessures tout en lui expliquant qu’elle s’était enfin éveillée à la voie du tao et que celle-ci définirait à présent sa vie. Lui-même en était un des grands maitres. Il avait ressenti le potentiel de la jeune fille lors de la vente aux enchères et l’avait ensuite entrainée en espérant que ce jour vienne. Diane sentie soudain un nouveau sentiment naitre en elle. La haine. La haine de cet homme maléfique et manipulateur qui avait fait d’elle une mante religieuse crainte dans tous le pays.

Elle se servit de son entrainement pour ne rien laisser paraitre que de la gratitude et elle continua à apprendre. Orienter les flots de chi, le manipuler ou le relâcher à son avantage. Elle étudia aussi les diverses pratiques du tao comme la médecine même si elle n’eut guère le loisir de pratiquer.

Finalement, presque deux ans plus tard, elle se sentit enfin prête. Elle infiltra la chambre du Maitre une nuit et le frappa sans hésiter à la poitrine pour lui briser la cage thoracique. Aucun humain n’aurait survécu à un tel impact.

Il se mit à rire.

Il riait encore lorsqu’elle s’enfuit de la maison.

- Passeport !

Elle tend le précieux document au douanier, le cœur battant. Si le faussaire lui a mentit, son séjour en Amérique s’achèvera avant même d’avoir commencé. Trois mois de périple pour en arriver à ce moment.

En quittant la demeure du Maitre elle est montée sur le premier bateau venu. Direction Macau. Son premier voyage maritime. Elle l’a passé à fond de cale, malade. Heureusement que personne ne l’a découvert, elle aurait été alors aussi docile qu’un agneau.

Dans cette nouvelle ville, il lui a fallu rapidement s’orienter. Trouver des contacts dans la pègre locale, dénicher celui qui serait capable de lui forger une nouvelle identité. Se faire employer dans un des nombreux casinos ne lui prit que quelques heures. Une croupière capable d’influer sur les probabilités est un atout précieux.
Deux nuits plus tard un être étrange s’installe à sa table. Son aura est noire et elle sait qu’il n’est pas humain. Il ne ressemble pas au Maitre pour autant. Il lui fait penser à un homme mort. Il joue, il perd, recommence, perd encore. Plus surpris qu’en colère, il invite la jeune femme à boire un verre. Elle accepte sans savoir réellement pourquoi.

Une fois chez lui, ils boivent, dansent… il l’embrasse. Ce contact la dégoutte et la sort de sa torpeur. La sentir lui échapper le met en rage, il lui saute dessus et tente de la mordre. Le premier coup le fait reculer en titubant. L’impact du coup, renforcé par le chi de la taoïste l’a sérieusement blessé. Il revient à la charge mais malgré sa rapidité ne parvient pas à la toucher. Elle se plaque contre lui et le frappe au torse du plat de la main. L’onde de choc se répand dans les os du mort-vivant et les brise.

- Si tu veux vivre, Jiangshi, dis-moi ou je peux trouver un passeur. Les ancêtres m’ont dit que ta famille contrôle les docks. Ne ment pas où tu souffriras.

La créature s’accroche à son misérable souffle de vie. Lorsqu’il a fini de parler, elle l’attache à un fauteuil, face à la fenêtre ouverte. Peut-être survivra-t-il si ses amis, qu’elle a contacté, le juge utile. Sinon elle espère qu’il affrontera sa fin avec sérénité.

Le reste de la journée se passe rapidement. Le faussaire que la créature lui a indiqué lui demande son nouveau nom. Elle conserve Diane, pour se souvenir d’où elle vient, et opte pour un nom américain classique : Smith.

Elle embarque pour Seattle sur un grand cargo, mais ne commet pas la même erreur que pour le précédent trajet. Elle choisit une cabine confortable et en hauteur, puis procède à quelques modifications du flot de Chi. Aucun marin ne pensera plus à venir ici. Elle n’a que peu de provision mais cela ne l’inquiète pas. Elle passera l’essentiel de la traversée en méditation et exercices physiques.
Le douanier la sort de sa rêverie. Il appose le visa et la salue en souriant.

- Bon retour au pays, mademoiselle Smith.
- Merci, bonne journée.

Il pleut à Seattle et l’immense métropole lui parait déprimante. Qu’importe, elle ne compte pas rester. Elle a lu que des créatures étranges ont fait leur apparition dans une petite ville, plus à l’est. Peut-être pourra-t-elle y trouver de l’aide pour se cacher ?

[hrp : j'ai placé en gras quelques exemples de magie pratiqué par Diane. Essentiellement, c'est du renforcement de ses aptitudes physiques, de la divination et de l'influence passive sur son environnement. Elle est, pour l'instant, loin d’être une mage accomplie.]